Du XIIè subsiste le côté septentrional de la nef, percé d’étroites ouvertures cintrées, aujourd’hui murées, et la base de la tour accolée au flanc septentrional du chœur, achevé au XIIIè. Elle est épaulée par de puissants contreforts à cinq glacis et éclairée de baies cintrées romanes à la base, et de baies en cintre brisé à l’étage supérieur. Au XVIIè, la tour a reçu une toiture quadrangulaire surmontée d’un campanile qui fait son charme. Le clocher ressemble beaucoup à celui de l’église Saint-Evroult de Damville, de la même époque, et conserve une cloche de 1582 et une autre de 1843.
La façade occidentale de l’édifice, du XVè, présente une porte à cintre sur-baissé, encadrée par deux puissants contreforts, abritée par un porche en moellons et pierre du XVIIè. Les portes ouest et nord du porche s’ornent de vantaux en bois sculpté du XVIIIè.
Le côté méridional de la nef en silex, et le chœur en pierre, datent du XVè et ont été percés au XVIè de baies cintrées. Accolée au chevet, la sacristie, en silex et chaînage de briques, est du XVIIIè.
Un somptueux mobilier
L’intérêt de cette église réside aussi dans son somptueux mobilier, dont les fameuses boiseries de la fin du XVè et du début du XVIè, qui seraient l’œuvre du même atelier de huchiers que les clôtures des chapelles du chœur de la cathédrale d’Évreux. Ces boiseries, d’époque François 1er, annoncent déjà la Renaissance par certains détails.
Sous le porche, construit postérieurement à l’église, il existe des traces de fresques entourées d’hermines de Bretagne noires sur fond grisâtre. Sont-elles là pour indiquer que l’église fut construite par des Bretons, ou sont-elles en rapport avec le nom du pays ? Ceci est plus plausible.
À gauche, en entrant, splendides fonts baptismaux du XVIè en pierre, ornés de feuillages sculptés, surmontés d’un baldaquin en bois du XVIè siècle, décoré de figurines, d’arabesques et de feuillage, avec médaillon, représentant le baptême de Notre Seigneur par Saint Jean Baptiste. Ces fonts baptismaux, classés monument historique, sont en pierre et bois et sont parmi les plus beaux qui existent en France.
Au-dessus du maître-autel se trouve un baldaquin en bois monumental de la fin du XVè, dont le dais est orné de réseaux finement sculptés et d’un décor peint représentant, sur un fond azur, un semis de fleurs de lys.
Le mur du chevet s’orne d’un fastueux maître-autel du XVIIè, de style Louis XIII, qui provient certainement de l’église abbatiale de Maubuisson. L’autel tombeau, peint en faux marbre gris et bleu et doré, orné de l’agneau couché sur le Livre des sept sceaux, est surmonté d’un élégant tabernacle à cinq niches ne contenant plus que quatre statuettes.
La contretable, encadrée par quatre colonnes torsadées à pampres de vigne et à chapiteaux corinthiens surmontés d’un fronton brisé, est ornée d’une belle toile du XVè, non signée, représentant la Présentation au Temple, surmontée d’une tête d’angelot dorée. Le fronton, représentant le triangle trinitaire, est encadré de deux petits anges adorateurs en bois doré et de deux urnes enflammées. Dans des niches à coquille surmontant les portes d’accès à la sacristie, deux statues du XVIè siècle - Notre-Dame la Royale, patronne de Maubuisson et saint Louis, fils de Blanche de Castille, fondatrice de l’abbaye - sont encadrées par des pilastres, supportant un fronton brisé.
Parmi le mobilier, quatre stalles, les bancs de la nef et le banc d’œuvre sculpté datent du XVIIIè. Le placard à bannières aux vantaux sculptés ainsi que le confessionnal sont du début du XIXè. Avant la dernière guerre, l’édifice conservait deux autels latéraux du XVIIIè de style classique.
Au fond, occupant tout le panneau, se trouve le retable surmonté d’un dais et orné de deux belles statues, une en pierre représentant la Vierge, l’autre en bois, représentant saint Louis, tout d ’abord classé Saint Inconnu. Lorque les Beaux-Arts exécutèrent les travaux de remise en état et que la statue fut descendue, on s’aperçut qu’il s’agissait du roi Saint Louis auquel, vraisemblablement au moment de la Révolution, on avait scié la partie supérieure de la tête pour faire disparaître la couronne royale, et dans les mains, où ne figurent plus que deux morceaux de bois, les attributs royaux, le sceptre et la main de Justice.
Lors des mêmes travaux, on a découvert derrière le retable actuel un ancien autel en pierre, surmonté d’une niche creusée dans le mur et où devait se trouver une statue.
Il est vraisemblable que le rétable actuel n’a pas été fait pour Bretagnolles, mais ajusté pour occuper le fond de l’Eglise, ce qui explique qu’à droite comme à gauche, manquent les volutes pour faire pendant à celles qui entourent d’un côté seulement la statue de la Vierge et celle de Saint Louis. Il devait probablement orner d’abord, la chapelle abbatiale du couvent de Maubuisson puis une abbesse fit construire dans l’abbaye un nouvel autel envoyant celui qui ne servait plus, dans la propriété de Bretagnolles. Ceci expliquerait la présence de la statue de la Vierge, Notre Dame La Royale, patronne de Monbuisson et celle de Saint Louis, propriétaire et, cofondateur, avec sa mère, la Reine Blanche de l’abbaye.
Au milieu, très belle toile non signée représentant la présentation au temple. L’ensemble tout entier est classé.
Plusieurs pierres tombales du XVIe et XVIIè garnissent le pavé de l’église. Dans le chœur, pierre tombale d’un seigneur de Flexanville décédé en 1650. Près des fonts baptismaux celle de Charles Azias de Préssensé, huguenot fraîchement converti, se battant derrière Henri IV. Il a dû trouver la mort dans un des combats qui se déroulèrent près de Bretagnolles, contre les Ligueurs du duc de Mayenne. D’autres dalles du pavé sont aussi à préserver.
Jusqu’en 1906 il existait dans le clocher une chose unique, un escalier elliptique. Il fut malheureusement vendu à un antiquaire d’Evreux, après une délibération du Conseil approuvée par l’autorité préfectorale...
Association des Amis des Monuments et Sites de l’Eure.